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Orietta

Delly

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Raanan Editeur img Link Publisher

Belletristik / Gegenwartsliteratur (ab 1945)

Beschreibung

Extrait
| I
En dépit de la brûlante lumière du dehors, il faisait presque frais dans la grande salle où don Alberto Farnella s’éveillait de la sieste accoutumée. À travers les vitres sales de la porte vitrée apparaissait un coin de jardin très ombragé, laissé au complet abandon. Les branches d’un vieux figuier arrivaient jusqu’à cette fenêtre et achevaient d’intercepter presque toute la vive clarté de ce jour d’été. Mais don Alberto n’en avait cure. Sa vue affaiblie ne lui permettait plus la lecture et le laissait indifférent à la triste incurie où se complaisait son unique et très rustique serviteur.
Il s’éveillait en bâillant doucement. Sa main brune, mais effilée, chassa machinalement une mouche posée sur ses cheveux grisonnants, très clairsemés. Puis, elle passa lentement sur le visage amaigri, osseux, dont la teinte bronzée, acquie au soleil du Brésil, disparaissait pour faire place à la pâleur de la maladie.
Au seuil d’une porte ouverte sur le vestibule voûté, dallé de marbre en partie brisé, parut un petit homme roux, voûté, boiteux, enveloppé dans une sorte de tablier-sac couvert de taches.
– Un étranger est entré dans le jardin et demande à voir le signor comte, dit-il d’une voix de crécelle.
Don Alberto se souleva un peu sur son vieux fauteuil, aussi boiteux que le serviteur.
– Un étranger ?... A-t-il dit son nom, Luca ?
– Il a donné sa carte... Ce n’est pas quelqu’un de chez nous. Il a un drôle d’accent...
Luca avançait en parlant. De ses doigts maculés de terre, il tendit la carte à son maître, qui essaya vainement de déchiffrer le nom.
– Je n’y vois pas, dit-il avec impatience. Quel genre a ce visiteur ?
– Il est bien, signor comte !... Quelqu’un de très bien certainement. Il est habillé comme personne ne l’est ici, et...
– Fais-le entrer ! interrompit don Alberto, coupant court aux considérations généralement interminables de Luca.
Il se redressa dans son fauteuil, tira un peu, dans l’intention de la défriper, la vieille robe de chambre dont il était vêtu. Puis, il murmura : – Je me demande qui peut venir me voir, moi qui n’ai plus d’amis... plus personne...|

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